Les bébés volés de la dictature, une tragédie pour 25000 familles
23 février 2021
La Source: NGCHILI

Après plusieurs décennies de dictature, certaines familles chiliennes vont enfin pouvoir se reconstruire avec leurs enfants, arrachés et adoptés sans leurs autorisations.
Près de 25.000 enfants ont été séparés de leurs parents biologiques au Chili durant la dictature d’Augusto Pinochet, principalement entre 1973 et 1990. Ces disparitions ont conduit à des adoptions forcées avec la complicité des administrations publiques.
C’est en 2014 que des médias locaux et internationaux ont mis en lumière ces cas d’ »adoptions irrégulières ». Il s’agissait d’un réseau de trafic de bébés qui touchait des femmes de milieux sociaux modestes ou pauvres, repérées en amont par des assistantes sociales. A leur naissance, ces enfants étaient subtilisés puis adoptés par des parents fortunés originaires des États-Unis ou d’Europe. Au total, 18 pays sont concernés avec la complicité des assistantes sociales, des médecins, des juges ou encore des prêtres.
Ces révélations ont poussé les enfants adoptés et les parents biologiques à se questionner sur leur histoire. Aujourd’hui, grâce à la possibilité de procéder à des tests ADN, de nombreuses familles ont pu se retrouver.
« L’hôpital faisait croire aux mamans que le bébé était mort-né”
Pour soustraire les enfants à leurs mères, certains hôpitaux allaient jusqu’à faire croire à la mort du nouveau-né. « L’hôpital faisait croire aux mamans que le bébé était mort-né. Ils ne leur montraient pas le corps, ni leur délivraient de certificat attestant de la naissance du bébé », souligne Marisol Rodriguez, fondatrice de l’association Enfants et Mères du Silence pour Europe 1. “À certaines, on leur disait que leur enfant avait des problèmes de santé, qu’au Chili il ne pourrait pas survivre et que leur seule option, c’était l’adoption. »
Une combine qui rapportait beaucoup d’argent puisqu’un enfant représentait 30 millions de pesos, soit environ 34.000 euros. « Les responsables de ces vols disaient que c’était pour aider les enfants à avoir une meilleure vie, pour qu’ils puissent étudier. Mais leur principale motivation, c’était l’argent », accuse Marisol Rodriguez à Europe 1. Une dictature qui avait pour but d’éradiquer la pauvreté. « Je veux que justice soit faite pour toutes les mères à qui on a volé les enfants, car personne ne nous a écoutées, on ne nous a jamais prises au sérieux », confie Sonia Molina, une mère chilienne dont la fille a été adoptée sans son accord.
« La seule chose que je veux maintenant, c’est prendre ma fille dans mes bras »
Depuis que ces faits ont été dénoncés en 2014, l’affaire a été portée en justice par des ONG chiliennes. Certaines familles ont pu se retrouver grâce aux tests ADN. C’est le cas de Sonia qui a pu retrouver sa fille, Ema, en 2019. Cette dernière, aujourd’hui âgée de 49 ans, vit en Suède et elle avait aussi fait un test ADN de son côté. « Je suis heureuse, même si elle est loin de moi. Au moins, je sais qu’elle est là-bas. La seule chose que je veux maintenant, c’est prendre ma fille dans mes bras », confie Sonia.
Le Congrès chilien a mis en place une commission extraordinaire en novembre 2018, qui recommandait d’ouvrir une banque d’ADN pour que les empreintes génétiques soient accessibles à tou.t.e.s. Une mesure qui est actuellement en suspens à cause de la pandémie de coronavirus.
Rédigé par Suruthi SRIKUMAR in aufeminin.com
La Source: NGCHILI
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